Entre 1880 et 1940, l’université française est le théâtre d’un combat intellectuel décisif : celui de la psychologie scientifique naissante pour s’extraire de la tutelle d’une puissante tradition philosophique spiritualiste. Portée par des figures comme Théodule Ribot, qui dès 1877 appelait à fonder la psychologie sur l’observation et l’expérimentation, cette nouvelle discipline s’engage dans une conquête lente et heurtée, pour sa reconnaissance académique.
Entre 1880 et 1940, l’université française est le théâtre d’un combat intellectuel décisif : celui de la psychologie scientifique naissante pour s’extraire de la tutelle d’une puissante tradition philosophique spiritualiste. Portée par des figures comme Théodule Ribot, qui dès 1877 qui appelait à fonder la psychologie sur l’observation et l’expérimentation, cette nouvelle discipline s’engage dans une conquête lente et heurtée, pour sa reconnaissance académique.
Cette période charnière révèle un paradoxe fondamental, tel qu’analysé par les historiens contemporains (Carroy & Plas, 2000 ; Nicolas, 2002) : alors que la France voit émerger des pionniers de génie, elle peine à leur offrir le cadre institutionnel et pédagogique à la hauteur de leurs ambitions.
La trajectoire de la psychologie en France contraste fortement avec les modèles qui se structurent à la même époque à l’étranger, soulignant ce que l’on peut qualifier d’« exception française ».
| Pays | Modèle de développement | Caractéristiques clés |
|---|---|---|
| Allemagne | Modèle de Leipzig (Wundt, 1879) | Institutionnalisation rapide avec un réseau de laboratoires universitaires bien financés et un cursus doctoral rigoureux. |
| États-Unis | Expansion pragmatique | Création massive de départements autonomes et forte professionnalisation tournée vers des applications concrètes (éducation, industrie). |
| France | Émergence heurtée | Conquêtes symboliques (chaires) mais précarité matérielle et forte dépendance à la philosophie et à la médecine. |
Cette situation singulière se traduit par une tension permanente entre le prestige intellectuel et la précarité matérielle. La création de chaires prestigieuses se heurte à une réalité de moyens souvent dérisoires, une situation incarnée par la célèbre plainte de Ribot, qui déplorait d’avoir une « chaire sans laboratoire ». Cité dans Burloud, A. (1955). Bilan de la psychologie dans la première moitié du XXe siècle. Dans G. Dumas (dir.), Nouveau traité de psychologie (vol. 8, fasc. 3). Presses Universitaires de France.
Des observateurs avisés de l’époque, comme le psychologue Benjamin Bourdon, soulignaient déjà en 1902 les défis institutionnels et pédagogiques que cette situation posait à l’intégration de la psychologie dans le cursus universitaire.
Dans ce contexte, juger de la « suffisance » de cet enseignement m’impose une analyse nuancée.
La thèse défendue ici est que, si cette période fut cruciale pour implanter durablement la psychologie dans le paysage académique, son enseignement est resté structurellement insuffisant pour garantir à la fois son autonomie complète et sa pleine professionnalisation. Il s’agissait davantage d’un compromis fondateur que d’un système abouti : la discipline a gagné sa place intellectuelle, mais pas les moyens de son indépendance. Pour évaluer cette suffisance, l’analyse s’articulera autour de trois axes :
Entre 1880 et la Première Guerre mondiale, l’institutionnalisation de la psychologie scientifique en France se déroule sur un mode paradoxal : elle accumule des victoires symboliques majeures tout en demeurant prisonnière d’une précarité matérielle et structurelle qui freine son plein essor. Cette tension fondamentale, où le prestige des conquêtes masque mal la faiblesse des moyens alloués, est au cœur de l’insuffisance de l’enseignement de l’époque.
La première conquête décisive est la création, en 1888, d’une chaire de Psychologie expérimentale et comparée au Collège de France pour Théodule Ribot. Cet événement, précédé par ses propres plaidoyers pour une psychologie scientifique dès 1877, arrache symboliquement la discipline à la tutelle de la philosophie spiritualiste. Cependant, cette consécration intellectuelle n’est pas suivie d’un soutien matériel adéquat. Ribot lui-même cristallise ce paradoxe dans une formule restée célèbre :
On m’a donné une chaire, mais on ne m’a pas donné de laboratoire.
Citation attribuée à Théodule Ribot, souvent rapportée dans les ouvrages d’histoire de la psychologie pour illustrer la précarité des débuts de la discipline en France (e.g., Burloud, 1955).
Cette plainte illustre le compromis boiteux offert par l’État : l’université reconnaît la légitimité intellectuelle de la nouvelle discipline mais hésite à investir dans les infrastructures indispensables à sa pratique. La psychologie obtient un statut, mais pas les outils de son autonomie. Ce décalage est clairement perçu par les contemporains, comme le psychologue Benjamin Bourdon qui, dans son analyse de 1902 sur l’enseignement supérieur, souligne déjà l’écart entre les ambitions affichées et la réalité des ressources. Cette faiblesse structurelle tranche radicalement avec le modèle allemand, où les laboratoires universitaires, comme celui de Wundt à Leipzig, sont pensés comme les piliers de la recherche et de l’enseignement. En France, l’expérimentation reste une « science de luxe », comme le déplore Nicolas Vaschide en 1903, dépendant de l’ingéniosité et des fonds personnels de pionniers comme Alfred Binet.
Loin de former un front uni, le paysage institutionnel naissant est profondément fragmenté. Il reflète les luttes d’influence entre les différentes tutelles de la psychologie : la philosophie, la médecine et les sciences de l’éducation. Cette dispersion des lieux de savoir crée un panorama académique hétéroclite, où plusieurs pôles se développent en parallèle, parfois en opposition, obligeant l’étudiant à un véritable nomadisme intellectuel.
Le tableau suivant met en lumière cette fragmentation des pôles de savoir avant la Première Guerre mondiale :
| Institution Clé | Figure Tutélaire | Orientation Principale | Limites de l’Enseignement |
|---|---|---|---|
| Collège de France | Théodule Ribot | Psychologie théorique et comparée | Enseignement magistral prestigieux, mais sans pratique expérimentale intégrée. |
| Hôpital de la Salpêtrière | Pierre Janet | Psychologie clinique et pathologique | Ancrage médical fort, accès restreint aux non-médecins, faible formalisation académique. |
| Sorbonne (Faculté des Lettres) | Georges Dumas | Psychologie pathologique et expérimentale | Dépendance forte à la licence de philosophie, formation pratique limitée en l’absence de laboratoire dédié. |
| École Pratique des Hautes Études (EPHE) | Alfred Binet | Psychologie expérimentale (psychopédagogie) | Laboratoire sous-financé, fonctionnant sur le mode artisanal, sans statut universitaire stable ni locaux dédiés. |
Cette mosaïque institutionnelle, si elle est intellectuellement riche, empêche la consolidation d’un cursus unifié et d’une identité disciplinaire cohérente. Chaque pôle développe sa propre vision de la psychologie, tirant sa légitimité de son champ d’application — la clinique pour Janet, l’éducation pour Binet — plutôt que d’un socle scientifique commun. L’étudiant aspirant à une formation complète est ainsi contraint de naviguer entre ces institutions, assemblant lui-même un savoir parcellaire et hétérogène.
Le cadre institutionnel de la psychologie scientifique en France avant 1920 est donc fondamentalement précaire. Il repose sur des conquêtes symboliques qui ne se traduisent pas par un soutien structurel suffisant, entravant la standardisation de la formation. L’absence d’un financement pérenne et la fragmentation des lieux de savoir ont non seulement limité la portée de l’enseignement, mais aussi durablement marqué la discipline, dont l’autonomie est restée un combat inachevé.
Pour évaluer la suffisance de l’enseignement universitaire de la psychologie en France, une comparaison avec les modèles allemand et américain est adéquate. Cette analyse révèle ce que les historiens nomment l’« exception française »1 : une trajectoire singulière, marquée par une précarité structurelle et une institutionnalisation tardive. Alors que la France s’épuisait à émanciper la psychologie de ses puissantes tutelles philosophiques et médicales, l’Allemagne et les États-Unis développaient des systèmes autonomes et robustes, offrant un contraste saisissant en termes de moyens, de structure et de finalités.
L’Allemagne a fourni le modèle de la psychologie comme science universitaire moderne. La fondation du laboratoire de Wilhelm Wundt à Leipzig en 1879 n’est pas un acte isolé, mais la pierre angulaire d’un système national. Contrairement à la France, où la psychologie devait justifier son existence face à la philosophie, en Allemagne, elle s’est épanouie dans un environnement universitaire où la recherche expérimentale était déjà valorisée. Le laboratoire de Wundt devient un véritable centre de formation, attirant des étudiants du monde entier venus se former à la rigueur de la psychologie expérimentale et obtenir un doctorat (PhD), diplôme qui n’avait pas d’équivalent direct en France à l’époque.
Ce modèle systématique a permis un essaimage rapide : en moins de vingt ans, plus d’une dizaine de laboratoires similaires, bien que plus modestes, ont vu le jour dans les universités allemandes. Le financement, bien que non extravagant, était assuré par l’État, garantissant une pérennité et une intégration institutionnelle que la France peinait à offrir. C’est précisément cette approche que Théodule Ribot, dans ses écrits (1888), opposait implicitement à la « psychologie de cabinet » française, en appelant à une science fondée sur l’observation et l’expérimentation.
La situation française apparaît alors comme une tentative d’imitation aux moyens dérisoires. Les contemporains eux-mêmes dressaient ce constat amer. Dans son analyse de l’enseignement supérieur, Benjamin Bourdon (1902) soulignait déjà l’écart structurel avec les chaires allemandes, qu’il décrivait comme de véritables centres de recherche intégrés2. L’expérimentation en France demeurait une « science de luxe », comme le déplorait Nicolas Vaschide (1903), dépendant davantage du dévouement personnel que d’un soutien institutionnel solide3.
Ce fossé structurel peut être synthétisé ainsi :
| Critère de comparaison | Modèle Allemand : L’institutionnalisation systématique | Modèle Français : L’improvisation structurelle |
|---|---|---|
| Fondation | Laboratoire dédié et financé (Leipzig, 1879), conçu comme un outil de recherche et de formation doctorale. | Chaire prestigieuse mais sans laboratoire (Collège de France, 1888), symbole d’une reconnaissance intellectuelle sans support matériel. |
| Structure | Cursus doctoral (PhD) standardisé, formant des chercheurs-expérimentalistes. | Parcours fragmenté et individuel, dépendant d’un certificat au sein de la licence de philosophie. |
| Ressources | Financement public stable, locaux adaptés, et essaimage rapide à travers le pays. | Sous-financement chronique, dépendance au mécénat, et centralisation quasi-exclusive à Paris. |
Le dynamisme américain offre un contraste encore plus saisissant. En important le modèle allemand, les États-Unis l’ont adapté avec un pragmatisme qui a permis une expansion fulgurante. Plutôt que de s’enliser dans des querelles de chapelles, les universités américaines ont créé massivement des départements de psychologie autonomes. Plus de quarante d’entre eux étaient établis avant 1900, un chiffre sans commune mesure avec la situation française4.
Cette divergence a façonné des profils de psychologues radicalement différents :
Cette comparaison internationale met en évidence non pas une « infériorité » intellectuelle française, mais une trajectoire profondément différente. Freinée par un conservatisme académique et un sous-financement chronique, la France n’a pu rivaliser ni avec l’institutionnalisation méthodique de l’Allemagne, ni avec l’expansion pragmatique des États-Unis. Cet héritage explique pourquoi l’enseignement de la psychologie, bien que porté par des figures brillantes, est resté structurellement insuffisant pour assurer à la discipline une autonomie et une professionnalisation complètes avant 1940.
1 : Carroy, J., & Plas, R. (2000). Histoire de la psychologie en France : XIXe-XXe siècles. La Découverte. — 2 : Bourdon, B. (1902). L’enseignement dans les universités françaises. Schleicher. — 3 : Vaschide, N. (1903). L’enseignement de la psychologie expérimentale en France. Bloud et Cie. — 4 : Nicolas, S. (2002). Histoire de la psychologie française : Naissance d’une nouvelle science. In Press.
Au-delà des conquêtes institutionnelles, la réalité de l’enseignement de la psychologie en France avant 1940 se caractérise par une hétérogénéité structurelle qui se répercute directement sur un parcours étudiant particulièrement fragmenté. Loin d’offrir un cursus standardisé, la formation dépendait presque entièrement des figures tutélaires qui l’incarnaient et de leur orientation scientifique propre. Cette situation contraignait les aspirants psychologues à un véritable « bricolage intellectuel »1, un assemblage précaire de savoirs glanés au gré des opportunités, avec une grande incertitude quant aux débouchés.
Avant la Première Guerre mondiale, se former à la psychologie scientifique relevait du parcours d’obstacles. L’itinéraire officiel imposait une inscription en licence de philosophie pour obtenir le certificat de « psychologie physiologique et pédagogique ». Cependant, cette formation, jugée trop spéculative, ne suffisait pas. Pour acquérir une légitimité pratique, l’étudiant ambitieux devait compléter son cursus par des voies parallèles, non diplômantes mais indispensables, chacune incarnée par un pionnier dont les contributions modelaient la discipline.
| Figure Tutélaire | Contribution Pédagogique et Scientifique | Limites du Modèle |
|---|---|---|
| Alfred Binet | Fondateur de la psychologie expérimentale appliquée à l’enfant, il dirige le laboratoire de psychologie physiologique de la Sorbonne. Il y développe des méthodes objectives, notamment l’échelle métrique de l’intelligence (1905), et forme ses étudiants à l’observation rigoureuse et à la mesure. Sa revue, L’Année psychologique, devient un pilier de la diffusion scientifique. | Son laboratoire, sous-financé et fonctionnant « sur le tas »2, incarne la précarité matérielle de la recherche française. L’enseignement y est plus un apprentissage artisanal qu’un cursus formalisé. |
| Pierre Janet | Successeur de Ribot au Collège de France et figure centrale de l’école psychopathologique française, il développe une psychologie clinique fine, basée sur l’observation des patients à la Salpêtrière. Ses travaux sur l’automatisme psychologique, la dissociation et l’hystérie offrent un cadre théorique riche, ancré dans la pratique médicale. | Son enseignement, bien que prestigieux, est fortement dépendant du milieu médical. L’accès à ses séminaires et à ses patients est restreint, et la formation reste peu formalisée sur le plan académique, renforçant la dépendance au savoir clinique hospitalier. |
Cette fragmentation avait des conséquences directes sur le profil des diplômés. Bien que formés à une solide culture intellectuelle, ils manquaient de compétences techniques standardisées. Ce parcours aboutissait à une impasse professionnelle : les débouchés étaient quasi inexistants en dehors de la réorientation vers l’enseignement de la philosophie ou la médecine. Les rares postes disponibles, comme celui d’« auxiliaire » dans un asile, étaient précaires et subordonnés à l’autorité médicale3.
La création de l’Institut de Psychologie de l’Université de Paris en 1920 marque une étape décisive vers la standardisation. Impulsée par Henri Piéron, cette institution vise à unifier les différentes branches de la psychologie au sein d’un cursus cohérent. Pour la première fois, un socle commun de connaissances est proposé, intégrant psychophysiologie, psychologie expérimentale, pathologique et statistique.
L’ambition de Piéron est claire : rompre avec l’amateurisme et former un psychologue qui soit un technicien de la science humaine, dont les compétences sont objectivables et utiles à la société.
Cet effort contribue à établir une identité scientifique solide pour la discipline, favorisant une démarche rigoureuse et structurée. En organisant des programmes d’enseignement homogènes et en encourageant la recherche empirique dès 1928, sous l’impulsion de Piéron et de ses collaborateurs, l’Institut joue un rôle essentiel dans la professionnalisation et la reconnaissance académique de la psychologie en France. Notamment, le développement de la psycho-physiologie et des méthodes expérimentales par des figures telles que Charles Richet (1850-1935) et Georges Dumas (1866-1946) a fortement contribué à cette dynamique.
Cette structuration a permis l’émergence d’un premier débouché concret avec la fondation de l’Institut National d’Orientation Professionnelle (INOP) en 1928, dirigé par Piéron lui-même, assisté de figures comme Henri Wallon. L’INOP devient le bras armé de l’Institut de Psychologie, appliquant ses méthodes au champ de l’orientation scolaire et professionnelle. Les étudiants formés à l’Institut trouvent à l’INOP un terrain d’application pour leurs compétences en psychométrie et en analyse différentielle. Cette collaboration étroite entre formation théorique (Institut) et application pratique (INOP) donne naissance au métier de psychotechnicien.
1 : Huteau, M. (2002). Histoire de la psychologie en France. L’Harmattan. — 2 : Vaschide, N. (1903). L’enseignement de la psychologie expérimentale en France. Bloud et Cie. — 3 : Carroy, J., & Plas, R. (2000). Histoire de la psychologie en France : XIXe-XXe siècles. La Découverte. — 4 : Bourdon, B. (1902). L’enseignement dans les universités françaises. Schleicher. — 5 : Plas, R. (2012). L’institut de psychologie de Paris et les débuts de la psychotechnique (1920-1940). Revue d’histoire des sciences humaines, 26(1), 17-38.
Qualifier l’enseignement universitaire de la psychologie scientifique en France entre 1880 et 1940 impose une réponse qui dépasse le simple constat de succès ou d’échec. Cette période charnière a en réalité scellé un compromis fondateur : la discipline a conquis une légitimité académique incontestable mais sans obtenir les moyens matériels et institutionnels de son autonomie complète. Elle a ainsi bâti un socle indispensable, mais dont les fondations sont restées structurellement inachevées, illustrant une victoire intellectuelle et symbolique bien avant d’être matérielle ou professionnelle.
Le bilan de cette période met en lumière une conquête symbolique forte au cœur de l’université. Portée par des figures pionnières comme Théodule Ribot, la psychologie a réussi son implantation dans le paysage intellectuel français. Les avancées, bien que largement concentrées à Paris, furent décisives :
Cet élan a toutefois été puissamment freiné par des insuffisances structurelles profondes. La comparaison internationale révèle l’ampleur du décalage : face à l’institutionnalisation méthodique de l’Allemagne et à l’expansion pragmatique des États-Unis, le modèle français est resté celui d’une science sous-financée, où le génie individuel devait sans cesse compenser la faiblesse des moyens. Le psychologue français, formé comme un intellectuel-clinicien, peinait à trouver une reconnaissance professionnelle et des débouchés, là où ses homologues étrangers devenaient des experts aux compétences valorisées par la société.
Cette trajectoire singulière a ainsi façonné une « exception française », dont les tensions héritées se sont avérées particulièrement tenaces. Le clivage entre la psychologie clinique, issue de la riche tradition psychopathologique de Pierre Janet, et la psychologie expérimentale, promue avec vigueur par Henri Piéron, a durablement fragmenté le champ et freiné l’émergence d’une identité professionnelle unifiée.
L’héritage de cette institutionnalisation incomplète est frappant. Il faudra attendre près d’un siècle après la création de la première chaire pour que la loi n° 85-772 du 25 juillet 1985 vienne enfin protéger légalement l’usage du titre de psychologue. Ce délai exceptionnellement long illustre à quel point les querelles théoriques et la précarité statutaire, nées entre 1880 et 1940, ont pesé sur la lente et difficile structuration de la profession en France.
La bibliographie est organisée en deux catégories principales, conformément aux usages académiques : les sources primaires, qui regroupent les écrits des acteurs de la période étudiée, et les sources secondaires, qui incluent les analyses et synthèses contemporaines. Cette distinction permet de différencier les témoignages directs de l’époque des travaux historiographiques qui les interprètent.
Ces ouvrages, publiés entre 1877 et 1903, constituent des documents fondamentaux pour saisir les débats et les perceptions de l’époque concernant l’institutionnalisation de la psychologie scientifique en France. Ils reflètent les ambitions, les critiques et les espoirs des pionniers.
Cette sélection de travaux contemporains, incluant des ouvrages de synthèse et des articles de recherche spécialisés, offre les outils analytiques nécessaires pour mettre en perspective les sources primaires. Elle permet de fonder l’argumentation sur l’état actuel de la recherche en histoire de la psychologie.
| Type de publication | Auteur(s) | Année | Titre | Éditeur / Revue |
|---|---|---|---|---|
| Ouvrage (Chapitre) | Burloud, A. | 1955 | Bilan de la psychologie dans la première moitié du XXe siècle. | Dans G. Dumas (dir.), Nouveau traité de psychologie (vol. 8, fasc. 3). Presses Universitaires de France. |
| Ouvrage | Carroy, J., & Plas, R. | 2000 | Histoire de la psychologie en France : XIXe-XXe siècles. | La Découverte. |
| Ouvrage | Nicolas, S. | 2002 | Histoire de la psychologie française : Naissance d’une nouvelle science. | In Press. |
| Article de recherche | Carroy, J. | 2006 | L’hypnose, une pratique entre science et spectacle. | L’Histoire, 294, 76-81. |
| Article de recherche | Plas, R. | 2012 | L’institut de psychologie de Paris et les débuts de la psychotechnique (1920-1940). | Revue d’histoire des sciences humaines, 26(1), 17-38. |
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